Tous à table!

Titre : Les chevaliers de l’île de la Table ronde

Auteur : Cédric Janvier (texte) / Sylvie Giroire (illustrations)

Genre : album illustré

Cela se passe sur les bords du Rhône. Les différents villages se livrent bataille et luttent sans merci pour son eau, à tel point que gisent au fond du fleuve les corps des combattants tombés stupidement pour cette ressource abondante, mais pas inépuisable. Le Rhône en colère inonde tous les villages, mais décide de laisser une dernière chance aux Hommes en épargnant sept chevaliers, un paysan, une institutrice, un tailleur de pierre, un maçon, et un batelier. Que va-t-il advenir de ces douze rescapés ? Vont-ils réussir à s’entendre, à s’organiser sur leur île, et à ne plus se battre ?

 L’avis du libraire :

 Cet album illustré est un ouvrage magnifique, agréable à lire et à regarder, dans lequel  le fleuve Rhône est personnifié. Cette histoire est un conte écologique dont le but est de susciter une prise de conscience.  Le Rhône étant le fleuve français autour duquel l’activité industrielle est la plus importante n’a sans doute pas été choisi par hasard.

Dans les romans arthuriens, les aventures dans lesquelles se lancent les chevaliers sont des quêtes individuelles. Ici, la quête est nécessairement une quête collective pour maintenir l’équilibre de l’écosystème en corrigeant nos erreurs et en respectant une charte de « bonne conduite ». Sans dévoiler la fonction de la Table ronde dans ce récit, on peut dire que sa fabrication et son usage évoquent des valeurs fondamentales de la vie en société que l’on a parfois, voire trop souvent, à oublier.

Les illustrations sont particulièrement soignées et efficaces. Pendant une bonne partie de l’album, elles remplissent parfaitement leur rôle qui vise à dénoncer sans pour autant choquer ou effrayer les petites têtes  blondes. La prédominance du rouge dans les premières pages est clairement évocatrice. Dans cette histoire, les personnages ont perdu leur apparence humaine, ils ont des accoutrements et des armures ridicules, et en guise de montures ils chevauchent des bouées à tête de cheval bariolées, ce qui accentue cet aspect ridicule. Cette représentation satirique des hommes et de leur stupidité rend d’autant plus tragique le drame qui se joue sous nos yeux.

On appréciera également le traitement de la couleur bleue dont les nuances et les grandes ondulations illustrent les eaux agitées, tout comme la représentation du Rhône personnifié qui nous donne l’image d’une puissante divinité qui se fond parfaitement dans le décor naturel.